Le Figaro Vin La Newsletter du 28 décembre 2017

30 Dicembre 2017 by

 

Le Figaro Vin La Newsletter du 28 décembre 2017
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On en parle en ce moment :

Le champagne a USA

Il est omniprésent dans les films des studios de Hollywood, dans les séries, dans les paroles des rappeurs, sur Facebook et les autres réseaux sociaux, et surtout dans la vraie vie… Les modes passent, le champagne reste.

Côte Est, côte Ouest, chez les banquiers, chez les branchés, toutes communautés confondues, depuis deux siècles, et, sauf la sombre parenthèse prohibitionniste, le vin blond bénéficie d’une cote d’enfer aux États-Unis. Près de 22 millions de flacons à muselet y furent expédiés l’an passé. Les Américains, qui longtemps l’ont cantonné aux célébrations, lui donnent même de nouveaux rôles, le sirotent l’après-midi ou en soirée, le mixent en cocktails, lui ajoutent des glaçons. Et l’invitent à table. Le champagne bénéficie ainsi de ce goût nouveau des États-Uniens pour la cuisine et tout ce qui l’accompagne.

Dans ce numéro spécial, nos correspondants et reporters décodent les nouveaux rituels du champagne aux USA, nous parlent de la façon dont les bulles sont appréciées à New York, à Long Island, à Miami, à Los Angeles, San Francisco, Aspen, Las Vegas ou Seattle. Pour illustrer ce supplément, notre directeur artistique, Christophe Brunnquell, a commandé à la collagiste Juliet Casella une série de visuels. Mission accomplie et réussie par la talentueuse jeune femme : la juxtaposition des images, la cohabitation des flacons (tous notés par Frédéric Durand-Bazin, notre expert) et des paysages, de la culture classique champenoise et de la pop culture rendent bien compte du marché du champagne aux États-Unis : à la fois complexe, positif, riche et prometteur.

Au pays du champagne roi

Du terroir aux bulles, les Vignerons de Champagne mettent l'authenticité en bouteille

En 2016, les Américains ont acquis près de 22 millions de bouteilles pour plus de 540 millions d’euros. Et les perspectives de progression restent immenses.

Fini le temps où Charles Heidsieck, flanqué de sa malle et de son fusil de chasse, partait à la conquête du marché américain du champagne. Le célèbre “Charlie” effectua quatre voyages outre-Atlantique entre 1852 et 1863 à une époque où notre vin à bulles y était livré en paniers de 15 bouteilles.
Jeté aussi aux oubliettes de l’histoire l’épisode assez irréel qu’a été la redoutable campagne des Ligues de tempérance (1919-1933) qui visait notamment le champagne qualifié de “boisson intoxicante”. Avec une assez curieuse exception puisque notre “vin des sacres” était toléré “pour les besoins du culte, les usages médicaux et pharmaceutiques” ! Toujours est-il qu’en 1922 les importations tombèrent à 11.200 bouteilles puis à 120 sept ans plus tard et qu’il fallut attendre 1974 pour les voir remonter à 3 millions de flacons. Pourtant, on continue de prétendre aux États-Unis que le président de ce pays, George Washington (1789-1797), fut l’un des tout premiers à faire connaissance avec le champagne qu’il consommait à la fin du repas “juste avant le café”. C’est dire si l’histoire de notre vin de Reims (il existe même une ville Rheims dans l’Illinois) aux Amériques ne fut pas toujours un long fleuve tranquille.

Les grandes marques privilégiées

Et pourtant, de nos jours, et plus précisément depuis 2016, les USA sont devenus le deuxième pays au monde consommateur de champagne et le premier en valeur avec un chiffre d’affaires qui dépasse 540 millions d’euros (+ 4,9% en un an). C’est la quatrième année consécutive que les acheteurs américains font preuve d’un tel dynamisme avec une hausse des expéditions de 11 % par an en moyenne depuis 2010. En 2016, ce sont 21.805.677 bouteilles qui ont été livrées aux États-Unis, soit près de 1,3 million de plus que l’année précédente et près de 4 millions par rapport à 2013. Même si le Royaume-Uni reste le premier marché extérieur en volume avec 31,19 millions de bouteilles (en baisse de 8,7 %), il n’en reste pas moins qu’il est, désormais, devancé en valeur par le pays de la Grosse Pomme. Cela tient au fait que les États-Unis ont toujours favorisé l’essentiel de leurs achats auprès des plus grandes marques champenoises. C’est ainsi qu’au milieu du XIXe siècle le champagne le plus vendu était celui de Mummqui, en 1880, expédiait à lui seul le quart du champagne vendu en Amérique du Nord où, pendant une longue période, les statistiques totalisaient la consommation des USA et celle du Canada. Il y eut aussi la belle histoire de Perrier-Jouët qui, grâce à son flacon Belle Époque paré des anémones de Gallé, rendit les amateurs américains fous d’amour pour cette cuvée rebaptisée “Flower of Champagne”.

Le Top 20 des fournisseurs

L’an dernier, près de 89 % des volumes des champagnes consommés, soit 19,3 millions de bouteilles, étaient en provenance de 177 maisons sur les 340 officiellement recensées. Presque toutes les grandes marques sont représentées et une revue spécialisée américaine a même établi un “Top 20” des maisons concernées. Loin devant, les duettistes de LVMH, Veuve Clicquot et Moët & Chandon, suivis de Perrier-JouëtNicolas Feuillatte (une marque dont la croissance est continue sur le continent américain), Dom PérignonPiper-HeidsieckPommeryTaittingerLaurent-Perrier, mais aussi, entre autres, BollingerMummRuinartKrugDeutz, etc.

Il faut prendre ce palmarès pour ce qu’il est sans doute et Jean-Pierre Cointreau (le président de Gosset), qui nous l’a communiqué, fait observer par exemple que les volumes vendus par son importateur depuis 2015 “nous font clairement entrer dans ce Top 20”. L’engouement des consommateurs américains pour les champagnes de marques fait qu’elles totalisent plus de 92 % du chiffre d’affaires de ce marché. Le reste se répartissant entre 283 vignerons (un peu plus d’un million de bouteilles) et 23 coopératives. Quant aux types de champagnes qui ont la préférence des consommateurs d’outre-Atlantique, il y a d’abord les bruts non millésimés qui arrivent largement en tête (74,4 %) suivis par les rosés (15,5 %). Viennent ensuite les cuvées de prestige (5,6 %), les demi-secs (1,7 %) et les millésimés (1,3 %). Le goût des amateurs de bulles pour les produits de haute qualité se traduit aussi en valeur. C’est ainsi que les rosés, dont la consommation ne cesse de progresser, représentent 17,3 % du chiffre d’affaires et les cuvées de prestige 16,8 %.

À quelques encablures des Anglais

À noter au passage que les champagnes “sucrés”, en l’occurrence le demi-sec, comptent de nombreux amateurs puisqu’il s’en est écoulé plus de 380.000 bouteilles en 2016 (+ 3,2%). Cette diversité des choix exprimée par les consommateurs témoigne de leur connaissance du champagne, ce qui serait le cas de huit Américains sur dix. Dans ce pays qui ne compte pas moins de 324 millions d’habitants et où l’on ne consomme encore que 0,5 litre de notre “vin blond” par an et par personne, les perspectives de progression restent immenses. Encore 10 millions de bouteilles supplémentaires vendues chaque année et les États-Unis auront ravi au Royaume-Uni la première place du classement des pays consommateurs (en volume). Après avoir déjà devancé l’Allemagne (12,47 millions), le Japon (10,95 millions), la Belgique et l’Australie.

Il reste, néanmoins, un point noir dans les relations entre les Champenois et les Américains. Il s’agit de la protection de l’Appellation Champagne revendiquée de longue date par le CIVC (Comité interprofessionnel des vins de Champagne). Depuis longtemps, en effet, on produit sur place des mousseux souvent plus que douteux dont l’étiquette arbore le nom de “champagne” ou plus communément celui de “domestics champagnes”. Il faudra bien, un jour, régulariser cette situation pour le plus grand bien des deux pays. Certes, quelques grandes maisons champenoises se sont implantées depuis de nombreuses années sur des terroirs américains pour y élaborer des mousseux (ou “sparkling”). C’est le cas de Moët et Chandon à Yountville, en Caroline du Nord, de Deutz en Californie, de Taittinger, au nord-est de San Francisco, et de Louis Roederer. Mais ils n’ont jamais prétendu y faire du champagne. Car il serait de mauvais goût de confondre de banals vins pétillants avec le prince des effervescents dont le terroir champenois a l’exclusivité.

L’AVIS DES MAISONS

Ruinart 
Frédéric Panaïotis, chef de cave
“Notre première expédition de vins aux États-Unis remonte au 16 février 1795. Mais le premier voyage important sur place fut celui d’Edmond Ruinart en 1831. Il visita New York, Philadelphie et Washington pour promouvoir son vin, et fut même reçu à la Maison-Blanche par le président Andrew Jackson. Notre marque a été très présente dans ce pays jusqu’à la fin du XXe siècle. Après quelques années de creux, nous sommes en train de réinvestir le marché. Notre blanc de blancs et notre rosé rencontrent un fort succès. C’est aux États-Unis que j’ai pu retrouver une bouteille du premier millésime de Dom Ruinart, le 1959. Un jour, je reçois un message d’un amateur américain me proposant cette bouteille. Je suis allé la récupérer à Los Angeles avec beaucoup de bonheur. Une semaine après, le directeur de Ruinart aux États-Unis retrouvait une vieille publicité de 1966 pour Dom Ruinart 1959, expliquant que toutes les bouteilles de cette cuvée avaient été vendues aux États-Unis. Ce qui explique sans doute pourquoi je n’ai trouvé aucune bouteille ailleurs.”

Cuvée Dom Ruinart 2006, blanc de blancs. Le vin, dans un joli style réductif, offre des arômes de fruits jaunes, de fleurs blanches, d’épices, de poire William et de brioche. La bouche est fraîche, ample, charnue, avec une jolie bulle évanescente. 168 euros. Note “Le Figaro” : 17,5/20.

Gosset 
Jean-Pierre Cointreau, président
“C’est un marché de connaisseurs. Le prix moyen d’une caisse expédiée sur place est deux fois plus élevé qu’en Grande-Bretagne ou en France. Nous le ressentons. Avec Wilson Daniels, notre nouvel importateur, nous montons en gamme. Bien que nous y soyons présents depuis trente ans, nous continuons à connaître une belle progression, sur la côte Est (Floride, New York, Boston), la côte Ouest (Californie) et Chicago. Je m’y rends une à deux fois par an pour soutenir nos équipes. C’est aussi l’occasion de rencontrer les cavistes, chefs, sommeliers, avec qui nous travaillons. C’est d’ailleurs notre axe de développement majeur. À ce titre, j’ai transposé cette année aux États-Unis le Trophée Gosset Celebris qui récompense depuis vingt-trois ans les chefs et sommeliers en France. Pour cette première édition, c’est le chef Daniel Boulud qui a été couronné.”

Cuvée 15 ans de cave a minima. Le nez est miellé, aux notes encaustiques, de framboise et de sous-bois. La bouche est gourmande, ample, fraîche, saline, dotée d’une matière incroyable et complexe. Un vin de connaisseurs. Environ 90 euros.
Note “Le Figaro”: 18/20. 

 Moët & Chandon
Édouard Dordor, responsable marketing USA
“La marque a un lien très intime avec les États-Unis. Les cent premières bouteilles de Moët & Chandon y ont été expédiées en 1787. Près d’un siècle plus tard, en 1886, nous avons lancé White Star, la principale cuvée destinée à l’exportation. Elle a eu un tel succès que nos ventes dépasseront 1 million de bouteilles en Amérique en 1902. Cette même année, Alice Roosevelt, la fille du président Américain, baptisera le yacht Le Meteor, acheté par le Kaiser allemand, avec un magnum de White Seal. Mais c’est grâce au cinéma que Moët & Chandon a développé sa notoriété. Nous sommes sponsor officiel de la cérémonie des Golden Globes, et notre champagne est présent dans le premier film d’Alfred Hitchcock. Dans Gatsby le Magnifique, on voit Moët quasiment toutes les deux minutes sans que nous ayons eu besoin de payer quoi que ce soit. Nous avons enfin un département capable de fournir à la demande des studios des bouteilles de Moët avec les étiquettes d’origine, dans tous les millésimes.”

Cuvée Moët Impérial Éclats d’Or. Le nez, légèrement lardé, fumé, propose des notes de fruits jaunes, de miel et de menthol. La bouche est équilibrée, fraîche et gourmande. 40,50 euros. 
Note “Le Figaro” : 15/20.

Los Angeles, de l’exception au quotidien

Le champagne confirme son premier rôle, et la dégustation de célébration fait place à une consommation plus fréquente.

À la maison comme au restaurant, de plus en plus de connaisseurs font des repas entiers au champagne. Tout a commencé au début des années 2000 avec la propagation du prosecco dans les supérettes de la mégapole. Rapidement, les marques françaises se sont mises à encourager les consommateurs, a oublier les flûtes pour boire le champagne dans des verres à vin et casser l’image d’une boisson de luxe réservée aux élites. Et chaque maison champenoise a engagé des VRP de luxe, baptisés ambassadeurs, pour organiser des dégustations à destination du plus grand nombre. “On peut aussi faire un repas entier avec trois ou quatre sortes de champagnes différents de l’apéritif au dessert, explique Jeridan Frye, une de ces spécialistes à Los Angeles et ambassadrice Moët. L’idée est de transformer cette boisson d’exception en vin de toutes les occasions.” Le prix, bien plus élevé que le prosecco, est ainsi expliqué à de multiples occasions par ses “ambassadeurs”, qui mettent en avance les années nécessaires pour un bon champagne et la qualité des grappes sélectionnées avec minutie dans une seule région française. Et ça marche ! Depuis dix ans, les Angelenos hésitent de moins en moins à délaisser les mousseux pour un produit de qualité “made in France”.

Dans le sud de la Californie, la tendance est la présentation dans un énorme verre à vin avec des fraises coupées, framboises et myrtilles fraîches sur lesquels on verse le champagne. Plusieurs maisons proposent des coffrets qui mettent en valeur ces idées de cocktails “fraîcheur” à base de fruits. L’idée est toujours la même :sortir le champagne de son image élitiste pour attirer les jeunes, notamment.
Phénomène intéressant, le choix du champagne est souvent influencé par son mode de vie ou son appartenance sociale à L.A. Ainsi, le monde du rap et de la musique hip-hop, qui adore tout ce qui brille, recherche une boisson adéquate à son mode de vie. Le champagne doit ressembler aux gros bijoux, pendentifs et autres décorations des rappeurs. Des discothèques de L.A. proposent ainsi du Cristal Roederer, personnalisé de brillants Swarovski. Mais le must pour afficher sa réussite dans ce monde de la nuit est le Armand de Brignac Ace of Spades, trilogie de bouteilles métalliques or, rosé et blanc. Le propriétaire du distributeur de cette marque n’est autre que le mari de Beyoncé, Jay-Z, qui a fait découvrir cette maison à tous les amis du couple, comme Barack et Michelle Obama.

À l’opposé, les Angelinos connaisseurs vont choisir un excellent millésime et préférer une bouteille plus classique, presque simple, où seul un habitué saura reconnaître la qualité à la dégustation. Les grandes caves comme Wally’s Vinoteca évitent le bling-bling en vitrine comme en rayon pour conserver une clientèle d’habitués. Mais Los Angeles est surtout une ville où tout va très vite, et la nouveauté est indispensable pour rester dans l’air du temps. Ainsi Moët Hennessy a créé début octobre sa première maison “temporaire”, à l’image des pop-up stores à la mode dans les capitales mondiales. Au lieu d’une simple boutique sur Sunset Boulevard, c’est une propriété de stars sur la colline de West Hollywood qui a été choisie pour accueillir les grands clients de la maison et leur présenter les nouveaux millésimes et coffrets pour les fêtes de fin d’année en Californie.

Où déguster ?

Où trouver les meilleurs champagnes à Los Angeles et dans sa région ?

Wally’s Vinoteca, Beverly Hills
Certainement la plus large sélection de Californie avec des cuvées rares comme un Salon Blanc de Blancs 1969 ou un Pol Roger 1921. Une carte de champagnes et de vins qui ressemblent à un annuaire du Who’s Who mondial.

E.P/R.P., West Hollywood
L’un des plus beaux patios sur les toits de Californie. Une carte à champagnes qui n’est pas moins impressionnante que la vue.

Nobu Malibu
Vue imprenable sur l’océan Pacifique, cuisine fusion japonaise-californienne. Lieu idéal pour y boire du Salon Blanc de Blancs 2002 ou du Roederer Cristal 2009.

Hôtel Bel Air
L’hôtel où les stars de Hollywood vont se cacher loin de l’agitation de la ville mais avec les meilleurs millésimes sur la carte de service en chambre.

Spago Beverly Hills
C’est le restaurant star du chef Wolfgang Puck, une institution à Los Angeles. Et l’endroit assuré pour boire une coupe à côté d’une star de cinéma. Tom Hanks, Michael Douglas ou encore Sharon Stone y sont des habitués.

Ottium, Downtown Los Angeles
Où l’on vous propose un plateau d’huîtres pour accompagner votre champagne.

Capo, Santa Monica
Cuvée Spéciale Bollinger ou Dom Pérignon 2004 accompagnent une cuisine italienne dont le meilleur risotto des environs, fait à la commande mais avec 35 minutes d’attente.

El Cantanto, Santa Barbara
L’hôtel de la chaîne de luxe Belmond possède sa propre pièce à vins avec une sélection de dizaines de champagnes et organise plusieurs fois par an des dîners Winemaker avec des viticulteurs qui créent le menu en fonction des vins.

Royal Suite à l’Intercontinental L.A. Century City
L’offre la plus folle de L.A. : deux nuits dans la suite royale de l’hôtel avec Veuve Clicquot Grande Dame 1998 sur la table du salon et une visite guidée des vignobles de Malibu dans une Rolls-Royce avec chauffeur. Dîner gastronomique et pianiste dans un salon privé inclus pour un forfait de 10.000 euros.

L’AVIS DES MAISONS

Drappier
Charline Drappier, responsable export zone Amériques
“Nous avons commencé à être présents aux États-Unis dans les années 1990, et la marque a rayonné de manière importante en Californie et sur la côte Ouest. Puis nous avons changé de distributeur en 2004, et les choses se sont dégradées. Nous avons alors reconstruit notre réseau de distribution avec Joseph Drouhin. Je suis parti pendant dix-huit mois en VIE (volontariat international en entreprise) à New Yok dans leurs bureaux pour redévelopper la marque. J’ai passé une grande partie de mon temps à déambuler dans les rues de la Grosse Pomme avec mes échantillons dans une mallette pour faire goûter nos vins aux cavistes et aux sommeliers de restaurant, comme Jean-Georges, Eleven Madison Park ou Daniel Boulud. Un jour, nous avons reçu un appel un peu inattendu de la conciergerie de Facebook. Ils avaient entendu parler de notre melchisédech, un flacon de 30 litres (40 bouteilles) que nous sommes les seuls à commercialiser. Ils en voulaient un pour fêter le retour de congé paternité de Mark Zuckerberg. Un seul était disponible dans le pays et nous avons réussi à le livrer à temps.”

Grande Sendrée 2008. Le vin exhale des notes de fruits jaunes très mûrs, de miel, d’agrumes et de pêche blanche. La bouche est ample, gourmande, dotée d’une belle persistance. Un champagne gourmand de belle race. Environ 60 euros.
Note “Le Figaro” : 17/20.

Dom Pérignon 
Édouard Dordor, responsable marketing USA

“La cuvée a été importée aux États-Unis pour la première fois en 1936 avec le millésime 1921, premier millésime de Dom Pérignon. Seules 120 bouteilles furent expédiées à New York pour cette occasion, mais ce fut le début d’une longue histoire entre notre marque et l’Amérique. Dom Pérignon fut ainsi très fréquemment dégusté à l’occasion de réceptions offertes par les différents présidents américains ou données en leur honneur. Ce sera, par exemple, le champagne servi pour l’investiture de Ronald Reagan. Ce sera également le champagne dégusté lors des vols inauguraux du Concorde de la British Airways pour les liaisons Londres-Washington et Londres-New York. Dom Pérignon a tellement marqué les esprits et la culture américaine qu’en guise de clin d’oeil les producteurs du film de science-fiction Star Trek : Generations ont glissé dans leur histoire une bouteille de Dom Pérignon millésime 2265 !”

Cuvée Dom Pérignon 2009. Le nez s’ouvre sur des notes de fruits jaunes frais, de tarte tatin, de coquille d’huître, pour s’épanouir sur des notes légèrement lardées. La bouche est fraîche, fruitée, vive et énergique, la finale longue et persistante. 160 euros (coffret Tokujin Yoshioka).
Note “Le Figaro” : 18/20.

Armand de Brignac, le plus new-yorkais des vins français

C’est un cas unique en Champagne, celui d’une marque qui a son siège à New York, où le holding Armand de Brignac commercialise des bulles en provenance du lointain village champenois de Chigny-les-Roses.

Sous le titre “La vérité sur Armand de Brignac“, nous vous avons déjà conté cette abracadabrante histoire.
Surprenante pour le moins, ce qui fut notre cas à cette époque, lorsque nous découvrîmes l’identité de l’acheteur, non pas de la marque mais du monopole de sa distribution. Car, avant d’être franco-américaine, cette affaire a été, dans un premier temps, américano-américaine, puisque le nouvel investisseur a tout bonnement racheté à une autre société des “States” les droits de commercialisation de ce champagne élaboré au début des années 2000 par la famille Cattier, implantée dans la Montagne de Reims depuis 1763.

Le patron est une célébrité

Ce n’est plus une révélation de vous préciser que Shawn Carter, le désormais patron du holding, est plus connu sous le pseudonyme de Jay-Z, rappeur de son état ou, si vous préférez, artiste hip-hop et musicien, originaire de Brooklyn. Un redoutable homme d’affaires au demeurant, dont le showbiz a fait de lui un multimillionnaire et qui est aussi l’époux de la non moins célèbre chanteuse Beyoncé.

Mais pourquoi donc ressortir, trois ans après les faits, cette histoire assez singulière dans le milieu champenois? Tout simplement parce qu’on nous a proposé, il y a peu, une “exclusivité” sur la “Maison Armand de Brignac rachetée en 2014”. À n’en pas douter, il y a toujours confusion entre une marque et une maison, cette dernière n’ayant jamais été rachetée. Pour en avoir le coeur net, nous avons eu un entretien avec Sébastien Besson, un Français, qui dirige le holding et qui sillonne le monde pour concrétiser “le succès grandissant de la marque“. Depuis Londres, où il était de passage, il n’a pas hésité à nous préciser que “l’industrie du champagne était extrêmement coûteuse et avait besoin d’innovations”. Pour cela, ajoute-t-il, “nous devons apporter les ressources nécessaires, car nous sommes une société importante qui n’hésite pas à investir”.

Quant à savoir combien de bouteilles sont commercialisées, cela reste un tabou. “Pas de chiffres, répond Sébastien Besson, mais nous avons dépassé les 100.000 bouteilles. Avec un tiers des ventes, les États-Unis sont notre premier marché, mais la marque Armand de Brignac a séduit aussi le Royaume-Uni, la Chine, l’Italie, l’Afrique du Sud, le Mexique et, plus récemment, le Brésil.” S’agissant de la France, “elle reste, précise-t-il, l’un de nos principaux marchés, particulièrement sur la Côte d’Azur et, à Paris, dans les restaurants étoilés, les clubs et les hôtels”. Sans omettre le cas d’Arnaud Lallement, le chef étoilé de Tinqueux, dans la banlieue de Reims, “qui est seul au monde à servir nos vins en plusieurs étapes dans son menu”.

Petits secrets entre amis

Peu prolixe, en revanche, quand il s’agit des prix : “De 250 à 300 euros la bouteille de Brut Gold“, précise toutefois notre interlocuteur, qui nous parle là du prix chez les cavistes et de la cuvée de base de la marque disponible en neuf formats, la démesure étant atteinte par un gigantesque flacon (l’équivalent de 40 bouteilles) totalement inconnu en France et surnommé “midas”, du nom d’un roi de Phrygie (sept siècles avant J.-C.) qui avait le pouvoir de changer en or tout ce qu’il touchait. Vous m’en direz tant. Toujours est-il que l’un de ces rares contenants s’est vendu, il y a six ans, la bagatelle de 190.000 euros. Qui pourrait prétendre après ça que la marque Armand de Brignac n’est pas une bonne affaire ?

Pas Sébastien Besson, en tout cas, qui nous explique au contraire que la gamme n’a fait que croître et multiplier, puisqu’elle se compose désormais de “cinq cuvées de prestige produites de manière artisanale”. Au Brut Gold sont venus s’ajouter un Rosé, un Blanc de Blancs, un Blanc de Noirs A2 (assemblage de trois années et dont 2.333 bouteilles seulement ont été numérotées) ainsi qu’un Demi-Sec (dosé à 33 g/l) dont notre interlocuteur nous précise que “personne d’autre n’en fait”. À noter au passage qu’aucune de ces cuvées n’est millésimée, les dix-huit personnes qui les élaborent dans les caves de la famille Cattier ayant opté pour l’assemblage de trois vendanges. Ce qui permet, souligne-t-on, de “créer une richesse d’arômes impossible à obtenir avec un seul millésime”.

Une bouteille pas comme les autres

Mais venons-en enfin à la conception de la fameuse bouteille qui fit tant jaser lors de sa sortie en 2006 et dont Sébastien Besson nous dit aujourd’hui qu’elle est “un nouveau classique et un produit exceptionnel”. Pourtant, on ne résiste pas à la tentation de reproduire in extenso la description que nous en fîmes dans l’article du Figaro évoqué par ailleurs : “D’extravagants flacons inspirés par le couturier André Courrèges. Habillés d’aluminium sous vide recouvert d’un vernis colorant, ils arborent en guise de blason un as de pique réalisé en bronze patiné. Les Américains vont adorer la bouteille “bling-bling”, rebaptisée Ace of Spades, mais dont la fabrication revient cher.” Rien de nouveau sous le soleil d’aujourd’hui, sinon que la couleur de la mini-jupe (pardon, de l’habillage en alu) varie selon les cuvées. Une jolie gamme de coloris qui, avec un peu d’imagination, fait penser à un bal des débutantes. Il reste pourtant que l’étanchéité visuelle dudit flacon nous prive de la possibilité de définir la couleur de la robe de ce champagne. Une opinion sur le contenu ? Les experts de la marque estiment que le Brut Gold est “expressif et complexe”, que le Rosé est “vif et fruité”, le Blanc de Blancs “élégant et profond”, le Demi-Sec “fruité et sucré” et le Blanc de Noirs “singulier et puissant”.

Apportons quand même quelques précisions qui, pour être moins poétiques, sont pourtant plus proches du vocabulaire champenois. C’est ainsi que le Brut Gold auquel on attribue des arômes de citron, de vanille et de miel, a passé un an en fût de chêne, il est dosé à 9 g/l et serait issu des “parcelles les plus renommées de la région“. C’est au Blanc de Blancs, un assemblage des vendanges 2009, 2010 et 2012, que l’on promet la plus importante longévité (2036). Le Blanc de Noirs, chez qui l’on détecte un goût de menthe poivrée, est dosé en extra-brut (5 g/l). Le Rosé est le produit d’un assemblage de 50 % de pinot noir, 40 % de meunier et 10 % de chardonnay avec 15 % de vin rouge pour la couleur. Quant au Demi-Sec, “plus exotique”, sa bouche sucrée puise ses origines dans le bonbon anglais, le caramel et le miel.
Alors, fin de l’histoire ? Pas si sûr quand on se souvient qu’elle avait commencé, non pas au début des années 2000, mais plutôt une cinquantaine d’années auparavant. Lorsque la mère de Jean-Jacques Cattier eut l’idée de créer un autre type de cuvée en lui donnant le nom d’un personnage de roman qu’elle affectionnait. Suite au prochain numéro, donc ? Qui vivra verra.

L’AVIS DES MAISONS

Veuve Clicquot Ponsardin
Dominique Demarville, chef de cave
“Le marché américain est très varié. Certains consommateurs de champagne y recherchent avant tout la précision du vin, tandis que d’autres l’associent plutôt à un moment de cérémonie, de célébration. Bien sûr, notre Carte Jaune règne partout, mais nous avons également beaucoup de succès avec notre Rosé, la cuvée Richou encore La Grande Dame. À New York et dans quelques États comme la Californie, nos vintages sont également très appréciés. À chacun de nos déplacements, nous rencontrons toujours des amateurs enthousiastes qui recherchent dans le champagne l’art de vivre à la française. Nous sommes présents sur deux événements phares. Tout d’abord le Festival du vin et de la gastronomie sur l’île de Nantucket, un moment extraordinaire où l’on déguste sérieusement sans se prendre au sérieux. L’autre dégustation incroyable se passe dans la station de ski d’Aspen. Mille personnes se sont pressées la dernière fois pour goûter La Grande Dame 2006, 1989 et 1979 !”

Cuvée Carte Jaune. Nez de fruits jaunes, d’abricot, floral, de fruits secs. La bouche est gourmande, fruitée, subtilement épicée. Environ 40 euros.
Note “Le Figaro” : 15,5/20.

Laurent-Perrier
Michelle DeFeo, présidente de Laurent-Perrier US
“Depuis la création de sa filiale américaine en 1998, Laurent-Perrier a grandi jusqu’à devenir la huitième plus grosse marque de champagne sur les 400 présentes sur ce marché. Notre croissance depuis la fin de la crise financière a été trois fois plus importante que celle de cette catégorie dans le pays. Pour porter cette croissance, nous avons lancé – pour la première fois – une campagne publicitaire pour notre cuvée Rosé. Elle a eu un fort impact, puisque nous avons vendu l’année dernière aux États-Unis plus de bouteilles de cette cuvée que jamais auparavant. Et nous comptons poursuivre cette dynamique en nous repositionnant sur les circuits les plus qualitatifs grâce à notre nouveau grossiste, qui nous ouvre les portes de restaurants et cavistes plus haut de gamme. Nous constatons déjà que notre présence se renforce dans les restaurants étoilés Michelin. Parmi eux, Per Se à New York, Benu et Quince à San Francisco, et French Laundry à Meadowood dans la Napa Valley.”

Cuvée Rosée. Le nez très fruité s’ouvre sur des notes de petits fruits rouges et de fleurs. La bouche est fruitée, tendue, suave, gourmande et rafraîchissante. Environ 69 euros.
Note “Le Figaro” : 16/20.

Salon
Didier Depond, président
“Les États-Unis ont longtemps été pour notre marque le principal marché. Cela s’expliquait par des raisons historiques. M. Salon, qui faisait commerce de peaux, se rendait fréquemment au Canada et aux États-Unis dans les années 1920. Il apportait toujours son champagne dans ses malles pour le présenter et le vendre. Même s’il n’est plus le premier, le marché américain reste important pour nous. J’ai fait lors de mes différents voyages là-bas des rencontres insoupçonnables. J’ai pu côtoyer des collectionneurs possédant des millésimes de Salon que nous ne possédons même plus en cave au Mesnil. Chez l’un d’eux, j’ai enfin pu boire des millésimes des années 1930, que je n’avais encore jamais goûtés. De même, à Aspen, j’ai assisté à des dîners incroyables où étaient servis des vins très recherchés, du champagne, bien entendu, mais aussi des grands crus de Bordeaux et de Bourgogne, dans des quantités qui dépassent parfois l’entendement.”

Cuvée Salon 2006. Le nez s’ouvre sur de subtils arômes d’agrumes, de fruits jaunes, d’abricot, de brioche et de fruits secs. La bouche est droite et acérée, profonde, éclatante et vibrante. 390 euros.
Note “Le Figaro” : 19/20.

24 heures à Seattle

La grande ville de l’État de Washington, nouveau paradis américain de la high-tech, accompagne ses succès économiques de bulles bien choisies. Notre guide.

C’est désormais la quatrième ville la plus riche des États-Unis, juste derrière les californiennes San Jose et San Francisco, suivies de Washington DC. Des entreprises comme Boeing, Starbuck et Microsoft, et quelques autres, ont largement contribué à la prospérité actuelle de Seattle. Outre ces géants de l’industrie, Amazon investit aujourd’hui des milliards de dollars dans cette cité enchâssée entre lacs et forêts. La société de Jeff Bezos n’y recrute pas moins de 300 personnes par semaine, ingénieurs pour la plupart. D’où un afflux de jeunes gens très éduqués, très tournés vers le futur, plutôt discrets et bien payés. Dans le centre-ville, Amazon justement construit son quartier général, soit une impressionnante série de tours qui à elles seules, en taille, pourraient rivaliser avec le quartier parisien de la Défense.

En dépit de ces changements qui modifient le visage de la cité et bousculent les habitudes de ses habitants, Rainy City – il y pleut souvent – et les 3 millions d’habitants de l’agglomération continuent de cultiver un art de vivre très relax, où les matchs des Seahawks, l’équipe de football locale, et le sport en général tiennent une place de premier choix.

Mais ici, comme un peu partout dans l’État de Washington, la culture du vin – et des spiritueux – est omniprésente. On y déguste les cuvées de chardonnaymerlotrieslingcabernet sauvignon de la vallée de Yakima, Rattlesnake Hill, Horse Heaven ou Walla Walla, tout en étant très intéressé par les autres productions nationales (Oregon, Californie), européennes (France, Italie, Espagne…) ou sud-américaines. Ce goût pour le vin, associé au pouvoir d’achat élevé des Seattleites, constitue un terrain privilégié pour les Champenois. Les flacons d’Aÿ, de Reims et d’Épernay figurent désormais en bonne place sur les cartes des restaurants qui comptent. Les winebars dans l’air du temps ne manquent pas de le mettre en avant et les grandes marques – Veuve ClicquotDom PérignonRoederer… – tirent particulièrement bien leur épingle du jeu. À noter aussi, depuis deux ans, une mode du champagne rosé dans la continuité de l’emballement des Américains pour les rosés tranquilles. Si la consommation de bulles n’a pas encore explosé, les bases sont jetées pour une forte montée en puissance. Tour de piste.

Westward

Au Westward, restaurant tranquille avec cuisiniers barbus, serveuses ultra souriantes et musique folk, le tout posé sur les rives du Northlake, les savoureuses huîtres Olympia, Kusshi, Baywater Sweet, Chelsea Gem font le bonheur d’une clientèle chic et cool qui vient ici pour déconnecter. Il y a les voisins, le monde des médias, les amateurs de vins qui se retrouvent ensemble autour des braseros, devant l’onde et le ballet des hydravions. Les “plops” des bouchons se substituent aux “bips” des notifications des réseaux sociaux. Durant les beaux jours, le champagne est servi en terrasse sous de grands parasols jaunes en accompagnement des fruits de mer. Il cohabite avec des alcools plus réconfortants quand la température chute. Mais les bulles restent à l’honneur toute l’année sous l’impulsion de la très dynamique sommelière Sarah Zehner. Ruinart, la Veuve Clicquot sont en majesté, ainsi que des sparkling wines locaux comme ce très recommandable “Sauvage” produit dans la région.
Westward 2501 N. Northlake Way, Seattle, WA 98103. Un endroit formidable pour un déjeuner prolongé jusqu’à l’heure de l’apéritif. // westwardseattle.com

Canlis

Une institution tenue par la même famille depuis trois générations. Architecture en bois format XXL. Salle digne de James Bond avec vue sur le lac. Clientèle raffinée. Des jeunes, des moins jeunes, wasp, Indiens, Asiatiques. Le gratin local, les acteurs, les banquiers, les patrons de start-up s’y retrouvent dans une ambiance un tantinet guindée pour Seattle, c’est-à-dire très détendue pour un établissement de ce standing. Un groupe de femmes influentes a fait de l’endroit son Champagne Club. Cuisine très soignée : crevettes, cabillaud et crabe préparés avec grand soin par le chef Brady Williams. Le Krug Rosé n’a jamais été aussi bien placé, le moine Dom Pérignon est en pôle position. Les champagnes de vignerons y ont aussi leur place. Nelson Daquip, formidable responsable des vins et spiritueux de l’établissement, veille sur le champagne depuis des années. La cave de l’endroit ne manque pas de références. À noter, une terrasse sur le toit de l’établissement réchauffée par un brasero. Pour les dernières bulles.
Canlis 2576 Aurora Ave. N, Seattle, WA 98109. // canlis.com

Thompson Hotel Rooftop/Mbar

Le Thompson Hotel offre sans doute un des plus beaux points de vue sur le port et la ville depuis Downtown. C’est ici même qu’était organisée la première Yelloween, soit la rencontre inattendue des sorcières d’un soir et de la Veuve Clicquot Ponsardin, le champagne le plus consommé aux États-Unis. Clientèle jeune très détendue qui passe en début de soirée pour une coupe éventuellement accompagnée de snacking. Lui aussi situé au quatorzième étage, également doté de terrasses avec vue à couper le souffle sur la ville et les environs, le Mbar veut ajouter une touche gastronomique
à sa prestation. Mais quelques réglages restent à réaliser pour que l’assiette soit à la hauteur du panorama. Le champagne, quant à lui, est servi à une température parfaite.
Thompson Hotel 110 Stewart St, Seattle, WA 98101 // thompsonhotels.com
Mbar 400 Fairview Ave. N, Seattle, WA 98109. // mbarseattle.com

Goldfinch Tavern

Le bar brasserie du Four Seasons, à deux pas du marché couvert, est devenu un des lieux les plus courus du Downtown Seattle. On y croise des locaux en goguette, des voyageurs prêts à s’amuser, des couples venus profiter de cet espace très cosy et d’une carte associant cocktails classiques, vins tranquilles et jolies bulles. Ici encore, les stars champenoises font l’unanimité. “Champagne ?”, demande le serveur Curtis. Et de proposer “Veuve Clicquot Yellow Label, Moët & Chandon Rosé Impérial, Louis Roederer Brut. By the glass ou à la bouteille.” Le Goldfinch Tavern, très sage au premier abord, compte parmi ces endroits où l’issue de la soirée, toujours heureuse, réserve son lot de surprises. Incontournable.
Gold Finch Tavern 99 Union St, Seattle, WA 98101. // goldfinchtavern.com

L’AVIS DES MAISONS

Lallier
Francis Tribaut, propriétaire
“Cela fait peu de temps que nous sommes implantés aux États-Unis, peut-être trois à quatre ans. Pour autant, nous y réalisons déjà 10% de notre chiffre d’affaires, dont près de la moitié sur nos haut de gamme. C’est à New York que nous progressons le plus. Par exemple, avec notre série R, nos vintages, notre blanc de blancs et notre rosé, nous avons doublé nos ventes dans cette ville. La série R y est particulièrement appréciée. Ils aiment l’idée d’une cuvée facilement identifiable, avec au moins 80 % de vendanges d’une même année, et apprécient que les vins soient différents d’une année sur l’autre. Les États-Unis restent un marché avec un énorme potentiel. Nous espérons encore progresser de 50 % d’ici trois à quatre ans.”

Cuvée R.013. Le nez est floral, avec des notes de petits fruits rouges, de brioche et de miel. La bouche est nette, droite, tendue, persistante et très fraîche. Environ 29 euros.
Note “Le Figaro” : 17/20.

Krug
Olivier Krug, directeur
“Notre histoire est très liée avec celle des États-Unis. En 1886, par exemple, nous étions servis durant l’inauguration de la statue de la Liberté à New York. Pour autant, les Américains ont un peu délaissé la marque à la fin du XXe siècle. Nous avions du mal à leur raconter l’histoire de notre grande cuvée. Mais, grâce à notre Krug ID, un code d’identification figurant sur chacune de nos bouteilles, chaque consommateur peut connaître le mode d’élaboration de nos champagnes. Sur ce même site, les internautes peuvent avoir une playlist de musiques à écouter en buvant une de nos cuvées. Une idée qui séduit beaucoup les amateurs américains. Il existe d’ailleurs un restaurant étonnant à New York, appelé Tokyo Record Bar, qui propose d’associer une musique avec un vin. J’y ai d’ailleurs été invité à mixer le 6 novembre dernier.”

Cuvée Vintage 2004. Encore très jeune, cette cuvée est emplie de belles promesses. Elle s’ouvre sur des arômes de fruits jaunes, de pêche blanche, de yuzu, de pomelos, subtilement épicée. La bouche est riche, saline, fraîche, tendue, dotée d’une belle matière, avec une grande persistance, la finale est citronnée. Un champagne qui tutoie les sommets. Environ 230 euros. 
Note “Le Figaro” : 19/20.

Collet
Olivier Charriaud, directeur général
“Nous sommes présents sur le marché depuis 2011, mais c’est réellement cette année que les choses sérieuses ont commencé. Nous avons trouvé un nouvel importateur basé dans la Napa Valley, avec qui nous allons pouvoir construire notre marque sur place. Nous exportons pour l’instant 60.000 bouteilles par an, mais le pays présente un vrai potentiel de développement. Notre travail sur place est largement aidé par les nombreuses récompenses que nous avons reçues à l’occasion de différentes manifestations. Nous avons ainsi été nommés producteur français de l’année 2017 lors du San Francisco International Wine Competition, où notre 2006 a obtenu la double médaille d’or.
Nous avons également décroché un partenariat avec la chaîne de restauration Del Frisco’s, ainsi que, plus récemment, avec celle des rôtisseurs. Les responsables étaient venus nous voir à Aÿ et étaient tombés sous le charme de nos produits et de notre cité du champagne.”

Cuvée Collection privée Brut Vintage 2006 Le nez offre de beaux arômes de fruits jaunes, de fruits exotiques, d’ananas frais et de miel. La bouche est tendue, fraîche, mentholée, bien structurée. Une cuvée qui appelle de beaux accords de gastronomie. Environ 56 eur.
Note “Le Figaro” : 16,5/20.

Coquilles Saint-Jacques : Quel vin boire avec ?
“Côté vin, il trouvera ses meilleurs partenaires chez les blancs très aromatiques et dotés d’une belle minéralité. Cependant, on prendra garde de les déguster dans leur jeunesse”

La coquille Saint-Jacques tient son nom des pèlerins qui suivaient les routes de Compostelle : porté en sautoir pour se désaltérer à l’eau des sources, le petit récipient était rapidement devenu pour les pèlerins comme un signe de reconnaissance. Strictement réglementée en France, la pêche des coquilles Saint-Jacques en Manche et en Atlantique n’est autorisée que du 1er octobre au 15 mai (mais toute l’année à Jersey…), et encore, à condition que la coquille ait atteint une dimension de 10,2 cm au moins. On est souvent porté à croire que les plus grosses sont les meilleures, mais je ne suis pas d’accord pour systématiser ainsi. Je trouve par exemple que les Saint-Jacques d’Erquy, de petite taille et dépourvues de corail, sont exceptionnellement fermes et riches en saveurs iodées.
D’origine bretonne, ce coquillage peut se savourer cru, en tartare ou en carpaccio : on apprécie alors sa finesse et son élégance. Poêlé, il se fait plus noble encore, et le mariage avec des agrumes souligne une fraîcheur intense et une fantastique délicatesse.

Côté vin, il trouvera ses meilleurs partenaires chez les blancs très aromatiques et dotés d’une belle minéralité. Cependant, on prendra garde de les déguster dans leur jeunesse, surtout s’ils ont connu un élevage dans le bois, lequel alors ne doit pas dominer exagérément la personnalité du cru ni son terroir. Je pense ainsi au chablis Premier cru Montée de Tonnerre du domaine Raveneau. Dans le millésime 2004, il est doté d’une robe brillante d’un jaune paille intense ; le bouquet est d’abord minéral, puis fruité et floral avec des parfums de pierre à fusil, de jasmin et de poire. La bouche est tendue, vive et profonde avec une finale désaltérante. Avec les Saint-Jacques, le mariage sera alors délicat et subtil. Alternative au chablis, pour ceux qui souhaitent un vin à la fois plus accessible et plus parfumé : le pouilly fumé du domaine Cailbourdin, cuvée Les Cris 2007. Une robe brillante tirant sur le jaune-vert, des arômes de pomme verte, de kiwi et de menthe et citron. Et, en bouche, des arômes très intenses, puis une structure légère, friande et énergétique, qui va accompagner à merveille la saveur iodée des coquilles.

Ma sélectione

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